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Pour un management alternatif

13 octobre 2015 2 13 /10 /octobre /2015 19:16
Après avoir suivi des études en pharmacologie en Afrique du Sud puis travaillé quelques mois dans un centre d’essais cliniques, Charles-Olivier Betansedi a intégré un master de santé publique à l’École des hautes études en santé publique (EHESP), avec une spécialisation en statistiques. En fin d’études, il a réalisé un stage au sein du Groupement d’intérêt scientifique sur les cancers d’origine professionnelle, le GISCOP 93.
 
C’est dans ce cadre pluridisciplinaire qu’il a commencé à se pencher sur l’épidémiologie de ce type de cancers et l’invisibilisation des liens pouvant exister entre la maladie et les conditions dans lesquelles est réalisé le travail, par les politiques ou par les pratiques scientifiques. « L’idée de départ était de suivre les patients ayant des cancers d’origine professionnelle et de les accompagner dans le processus de réparation… Ce qui n’est pas évident, car de nombreuses maladies ne sont pas reconnues. D’où l’intérêt d’un accompagnement ». C’est au même endroit qu’il a décidé de poursuivre en thèse, en s’inspirant des résultats d’une étude (présentation du projet) mise en place par le GISCOP, pour suivre les patients accompagnés.
 
Les cancers d’origine professionnelle des femmes moins visibles
« Une fois que le patient a donné son accord pour participer à l’étude et qu’il a rencontré l’équipe, l’objectif est de retracer son parcours professionnel : emplois occupés, expositions possibles… Depuis mars 2002, environ 2 000 patients ont participé et nous nous sommes rendus compte de disparités entre hommes et femmes dans le nombre de parcours de travail reconstitués mais surtout dans l’accès à la réparation. Il fallait donc apporter des explications à cette observation et répondre plus généralement aux questions qu’elle posait en termes d’épidémiologie sociale des cancers professionnels ». En effet, comme l’explique Charles-Olivier Betansedi, l’une des difficultés majeures dans l’étiologie des cancers professionnels, à quelques relations près établies telles que celle entre mésothéliome et amiante, est qu’ils sont souvent la conséquence de multi–expositions. « Par ailleurs, le temps de latence entre l’exposition et le déclenchement de la maladie implique quelques difficultés pour faire le lien entre les deux ». Notamment pour le médecin qui doit, pour donner accès à une éventuelle réparation via une demande d’indemnisation auprès de la sécurité sociale, établir un certificat médical faisant ce lien. Et n’a pas toujours les informations pour le faire.
 
Quoi qu’il en soit, l’objectif de Charles-Olivier Betansedi dans le cadre de son doctorat, que le DIM Gestes a accepté de financer, n’est pas de travailler sur ces explications quant à l’étiologie des cancers. Plutôt de démontrer que la division sexuée du travail et des risques est rarement prise en compte dans la plupart des études et donc que l’exposition aux risques des femmes peut passer inaperçue. Dans son projet de thèse de 2014, il écrivait : « Ce processus qui s’inscrit dans ce que l’on a décrit comme les « biais de genre », reflète aussi l’occultation sociale de la participation des femmes au marché du travail et contribue à maintenir dans l’invisibilité certaines questions propres à leur santé, telles les risques cancérogènes qu’elles peuvent encourir en milieu professionnel. Notre objectif est d’analyser la manière dont les biais de genre affectent les différentes étapes du processus de production des connaissances épidémiologiques sur les cancers d’origine professionnelle ».
Mesurer l’exposition : des « biais de construction dans les matrices »
« Ma thèse consiste donc, entre autres, à mettre en évidence les biais de genre », précise-t-il aujourd’hui. « Ceux-ci peuvent prendre place dès la sélection des participants à l’étude, dans les données recueillies ou encore l’analyse… Donc à chaque étape de l’étude, j’essaie de repérer d’éventuels facteurs d’erreur ». Force est de constater qu’il en a déjà repéré un : « Il existe plusieurs manières d’évaluer les expositions professionnelles mais celles que l’on retrouve le plus dans la pratique et la littérature scientifique sont d’une part « l’évaluation à dire d’experts » ». Celles-ci, dans le cadre de l’étude du GISCOP 93, attribuent après concertation des scores ou indices d’exposition en fonction des informations qui ont été recueillies par les sociologues de l’équipe de recherche. « La deuxième manière d’évaluer est l’utilisation d’une matrice d’exposition, qui repose sur les bases de données mettant en lien les emplois avec les expositions ». Problème : un même métier peut s’exercer dans des conditions totalement différentes… « Les experts basent leur indice sur des informations obtenues lors d’un entretien très qualitatif et poussé… On apprend que dans certaines entreprises, les protections n’étaient pas toujours utilisées par exemple ». Les matrices, elles, avec une approche de « moyenne », ne permettent donc pas une analyse aussi fine de l’exposition et, pour des conditions de travail très différentes, pourraient donner le même indicateur. 
 
Problème : les matrices sont largement utilisées par les épidémiologistes et hygiénistes industriels… « Mais elles ne valent pas le regard des experts », selon Charles-Olivier Betansedi. « Même si l’expertise est plus coûteuse en temps » et donc le dispositif plus complexe à mettre en place. Quoi qu’il en soit, le rôle du doctorant sera plus précisément de comparer les évaluations produites par les matrices et celles produites par les experts, notamment de repérer les différences genrées, « c’est-à-dire les expositions de femmes que les experts auront su mettre à jour mais que les matrices n’auraient pas perçu ». Notamment dans le cas d’expositions longues, aux solvants par exemple, dont les risques sont sans doute minimisés par ces dernières. « Il existe aussi de nombreux biais de construction dans les matrices, qui sont construites sur la base de nomenclatures d’emplois pas toujours très précises », continue Charles-Olivier Betansedi. « Par ailleurs, les emplois occupés par les femmes n’impliquent pas toujours exactement les mêmes tâches que ceux occupés par les hommes, même s’ils sont désignés par la même appellation. On retrouve une certaine forme de division sexuée du travail. Et ça, les experts sont plus à même de le mettre en avant… Même si ces biais inhérents à la construction des matrices sont plutôt connus des chercheurs, le défi reste de les quantifier ».
 
Le doctorant s’interroge par ailleurs sur les seuils d’exposition et la manière dont ils sont fixés. « Ce n’est pour l’instant qu’une hypothèse mais je cherche à savoir si ces seuils reposent véritablement sur des connaissances empiriques en épidémiologie ou s’ils sont purement arbitraires ».
 
  • Audrey Minart
  • Journaliste Miroir social
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