Les députés ont adopté contre l’avis du gouvernement un amendement défendu par l’élu UMP Benoist Apparu lors de l’examen du projet de loi sur la nouvelle organisation territoriale de la République (NOTRe).
L’Assemblée nationale a adopté mercredi soir, contre l’avis du gouvernement, un amendement permettant la création d’une nouvelle métropole, regroupant les intercommunalités de Reims, Châlons-en-Champagne et Épernay et formant un ensemble contenant environ 350.000 habitants.
L’amendement voté par les députés était défendu par l’élu UMP de la Marne Benoist Apparu, lors de l’examen en séance publique du projet de loi sur la nouvelle organisation territoriale de la République (NOTRe).
"Forte aspiration vers Strasbourg et Paris"
"La région Champagne-Ardenne perd ses habitants depuis trois recensements", déplorent les trois signataires de l’amendement, Benoist Apparu, qui est aussi le maire de Châlons-en-Champagne,Arnaud Robinet, le maire de Reims, et Catherine Vautrin, la présidente de la communauté d’agglomération de Reims Métropole.
Selon eux, la création de la région Alsace-Lorraine-Champagne risque de déstabiliser davantage encore leur territoire : "Le risque, c’est qu’il y ait une très forte aspiration vers Strasbourg, une très forte aspiration vers Paris", pointe Benoist Apparu qui redoute également la proximité de Metz et de Nancy.
"Dans ce territoire de Champagne-Ardennes, nous avons perdu la préfecture de région, la ville de Châlons-en-Champagne a perdu 100% de ses militaires. En l’espace de trois semaines, 400 ans d’histoire ont été rayés de la carte", déplore le député de la Marne. L’amendement voté inclut donc comme condition pour l’accès au statut de métropole, le regroupement de plusieurs EPCI comprenant au moins deux pôles urbains.
Un vote malgré l’opposition du gouvernement
L’initiative s’est heurtée à l’opposition du rapporteur Olivier Dussopt, qui a cependant reconnu que la "situation géographique, économique, pour l’aménagement du territoire de cette grande agglomération posait question". Même son de cloche du côté de la ministre de la Décentralisation :"J’entends tous vos arguments (mais) je ne peux pas vous dire oui", a expliqué Marylise Lebranchu qui reproche au nouvel ensemble son absence de continuité territoriale et la faible intégration du regroupement des zones urbaines de Reims, de Châlons et d’Épernay.
L’amendement a finalement été votée, avec le soutien de députés de l’opposition comme l’UMP Serge Grouard ou le président du groupe UDI à l’Assemblée, Philippe Vigier. Ce dernier a notamment reproché au gouvernement d’isoler certains territoires : "De Paris à Toulouse, vous n’avez aucune métropole, donc là, vous êtes dans une faute d’aménagement du territoire." A l’issue du vote, les députés de l’opposition ont salué Benoist Apparu, visiblement satisfait.
Cet amendement ayant été adopté contre l’avis du gouvernement, il a été annulé lors de nouvelles délibérations à la fin de l’examen du projet de loi NOTRe. La ministre de la décentralisation, Marylise Lebranchu, a expliqué que cela aurait "créé une métropole à l’intérieur de laquelle il n’y a pas encore de compétences, pas de continuité géographique et pas non plus le nombre d’habitants". La ministre ajoutant que si la mesure restait en l’état, "ça permettrait de créer 15 nouvelles métropoles qui correspondent aux mêmes critères, ce qui aurait été trop complexe".
"Nous allons continuer à discuter, avec le gouvernement et au plan local"
"Tout ça se construit, se discute", explique Catherine Vautrin, la présidente de Reims Métropole, qui affirme que rien n'est terminé et que le débat va se poursuivre, notamment pour trouver une continuité géographique dans cette nouvelle entité. "cet amendement devait permettre de créer les conditions du dialogue".
Tous les élus ne soutiennent pas le projet
Si cette idée de Métropole Reims-Châlons-Epernay est portée par les maires de Châlons-en-Champagne et de Reims, celui d’Epernay, Franck Leroy, est plus frileux. Il explique qu’il souhaite un rapprochement de sa ville avec Reims et Châlons, mais estime que la création d'une métropole serait "une démarche précipitée". "Si on veut aller trop vite, on n'ira pas très loin" dit Franck Leroy. Un avis partagé par de nombreux maires des communes rurales composant les agglomérations de Châlons-en-Champagne, Reims et Epernay, qui craignent également de perdre leur identité. "Les habitants de nos communes ne sont pas près à être regroupés dans un espèce de magma énorme", affirme le socialiste Dominique Lévêque, maire de Aÿ et président de la communauté de communes Grande Vallée de la Marne.