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L'UFICT, le syndicalisme CGT spécifique aux cadres.

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Pour un management alternatif

23 avril 2013 2 23 /04 /avril /2013 20:47

 

La Gazette, pour la deuxième année consécutive, associée au cabinet Pragma et à emploipublic.fr, a interrogé les fonctionnaires territoriaux pour connaître l’état d’esprit des agents. Près de 4500 territoriaux ont répondu à notre enquête, permettant de mesurer finement l’évolution de leurs relations au travail, aux usagers et à leur hiérarchie, ainsi que leurs perceptions de leurs missions. Ceci dans un contexte de changement de majorité présidentielle mais aussi un gel du point d’indice confirmé, et une crise économique qui s’aggrave.

 

«Attention danger », serait-on bien tenté d’alerter à la lecture du baromètre 2013 que « La Gazette » et « emploipublic.fr », associés au cabinet Pragma, viennent de réaliser en ce début d’année.

Car, en un an, l’édifice est ébranlé et le bien-être au travail des agents de la FPT considérablement fragilisé, comme l’indique l’évolution de leur opinion.

 

Bien sûr, deux répondants territoriaux sur trois restent satisfaits (66 %) et même fiers (68 %) de travailler pour leur collectivité. Ce n’est pas rien. Et gageons que de nombreuses entreprises privées envieraient un tel taux, elles qui, selon la Cegos en 2012, ne réunissent que 56 % de salariés « fiers de leurs entreprises ».

 

Mais, aussi beau soit-il, l’arbre ne doit pas cacher la forêt. Les courbes enregistrent, en effet, une baisse de 8 et 6 points chacune par rapport à 2012, le niveau de satisfaction globale ayant nettement diminué, depuis, pour 56 % des répondants.

 

Sentiments et ressentiments - Pourquoi une telle chute ? S’inscrit évidemment au rang des explications un climat général enclin à la sinistrose. Dans un paysage socioéconomique toujours plus altéré, la déception, née du gel indiciaire annoncé pour la quatrième année consécutive, pèse sans doute.

 

D’ailleurs, l’insatisfaction des agents de catégorie C baisse de 9 points, tandis que 64 % d’entre eux attendent de leur collectivité le maintien de leur pouvoir d’achat, contre 57 % pour l’ensemble des catégories. Mais force est de constater, aussi, qu’au sein même de l’organisation territoriale apparaissent, comme sur un œuf fragile, de menaçantes craquelures.

 

Certes, huit agents sur dix valorisent toujours l’exercice d’une mission de service public, la satisfaction des usagers et l’intérêt du travail comme premiers accomplissements professionnels, révélant ainsi un sens aigu de leur mission de service public.

 

Agents – management : l’incompréhension - Cependant, la qualité des relations avec la hiérarchie s’effrite de trois points (à tout juste 52 %) alors que s’accentuent de profonds « malentendus » managériaux.
 

Ainsi les outils mis en place pour faciliter le travail des agents (clarté des règles, cohérence des actions avec le projet politique, fluidité des modes de décision&hellip) ne rencontrent pas leur objectif pour plus de sept répondants sur dix !

 

Alors que le manque de dynamisme de l’organisation interne est particulièrement pointé par deux agents sur trois, plus de quatre agents sur dix disent même ne déceler aucune aide, ni dans les pratiques managériales ni dans la politique des ressources humaines réalisées dans leur structure !

 

Malgré leurs attentes fortes concernant la confiance et le sens, le fossé s’élargit donc entre le personnel des collectivités et leurs supérieurs dont la reconnaissance, comme celle des élus employeurs, se fait toujours attendre (plus de 50 % d’opinions négatives et – 7 points par rapport à l’an passé pour chacun de ces items).

 

La fêlure gagne entre le sens donné à sa mission et les conditions dans lesquelles celle-ci s’exerce. Résultat : des agents majoritairement en proie au doute quant à leur avenir professionnel, malgré une bonne qualité du cadre de travail et une confiance recouvréeLes pratiques managériales, le fonctionnement interne, ne facilitent pas l'activité des territoriaux : les indicateurs relatifs aux modes de management sont pratiquement tous en baisse. Le seul qui augmente, ou stagne, c'est "le soutien des collègues". Il n'y a pourtant pas de divorce avec la hiérarchie, puisque la confiance reste relativement haute. Par typologie de répondants en revanche, on note une évolution inquiétante dans les mairies de 10 000 à 50 000 habitants, ou dans les interco rurales : les mutations induites par l'achèvement de la carte intercommunale sont sans doute passées par là. Les services sanitaires et sociaux, soumis à la pression des usagers, et à la crise qui aggrave la situation, expriment un vrai malaise. en la fonction publique – effet « Hollande » oblige. Or comment avancer avec des troupes désenchantées ?

 

Les pratiques managériales, le fonctionnement interne, ne facilitent pas l'activité des territoriaux : les indicateurs relatifs aux modes de management sont pratiquement tous en baisse. Le seul qui augmente, ou stagne, c'est "le soutien des collègues". Il n'y a pourtant pas de divorce avec la hiérarchie, puisque la confiance reste relativement haute.

 

Par typologie de répondants en revanche, on note une évolution inquiétante dans les mairies de 10 000 à 50 000 habitants, ou dans les interco rurales : les mutations induites par l'achèvement de la carte intercommunale sont sans doute passées par là. Les services sanitaires et sociaux, soumis à la pression des usagers, et à la crise qui aggrave la situation, expriment un vrai malaise.

 

http://www.lagazettedescommunes.com/159842/bien-etre-au-travail-dans-la-fonction-publique-territoriale-les-clignotants-passent-au-rouge/

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10 avril 2013 3 10 /04 /avril /2013 22:43

couverture

Compétitivité : la santé menacée

Pour la première fois, l'enquête Sumer permet de comparer les conditions de travail des salariés du privé et des agents des trois fonctions publiques. Surprise ! Les seconds ne sont pas mieux lotis que les premiers, loin s'en faut.

 

Qu'elle semble décalée, l'image caricaturale du "petit travail tranquille" du fonctionnaire ! A éplucher les résultats de l'édition 2010 de l'enquête Sumer (Surveillance médicale des expositions aux risques professionnels) [1], on est frappé par les mauvais scores obtenus par la fonction publique hospitalière (FPH) et la fonction publique d'Etat (FPE).

 

A tour de rôle, leurs agents respectifs dépassent la moyenne des expositions ou des contraintes de l'ensemble des salariés, tous secteurs publics ou privés confondus. Avec une mention spéciale pour les hospitaliers, qui remportent souvent la palme sur de nombreux facteurs de risque mesurés par l'enquête. Seule la fonction publique territoriale (FPT) tire son épingle du jeu et obtient des résultats meilleurs que la moyenne.

 

Ainsi, s'agissant des contraintes horaires, 15 % de tous les salariés travaillent la nuit et 16 % travaillent en équipes (2 x 8, 3 x 8 ou autres). Dans la FPH, ces chiffres grimpent à plus du quart pour le travail de nuit et à près de 45 % pour le travail posté. Les agents de la FPE sont, quant à eux, davantage exposés aux semaines de travail longues : 23 % ont travaillé plus de 40 heures la semaine précédant l'enquête, contre 18 % pour l'ensemble des salariés. Ils sont également 25 % à être soumis à des astreintes, contre 10 % pour la population générale de l'enquête.

 
Forte demande psychologique

 

Du côté de l'intensité du travail, chaque secteur a ses spécificités. Dans l'industrie, la moitié des salariés sont exposés à au moins trois contraintes de rythme. Dans la FPE et la FPH, c'est le morcellement de l'activité qui domine : près des deux tiers des agents doivent fréquemment interrompre une tâche pour en faire une autre, non prévue.

 

C'est aussi dans le secteur hospitalier que la demande psychologique est la plus forte. Toutefois, la latitude décisionnelle y est importante, ce qui jugule sans doute les effets néfastes à long terme de cette forte demande. Les salariés du tertiaire sont également dans cette configuration. En revanche, les salariés de l'industrie cumulent une forte demande psychologique et une faible latitude décisionnelle, ce qui est très défavorable en termes de risques pour la santé psychique.

 

Toujours au chapitre des risques psychosociaux, l'enquête Sumer fournit des résultats intéressants sur le sentiment qu'ont les salariés de pouvoir exécuter leur travail correctement. Les agents de la FPE et de la FPT se plaignent plus souvent de manquer d'informations (respectivement 21 % et 17 %) ou de ne pas disposer de moyens adaptés (18 % et 22 %). Et, après plusieurs années de non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite, il n'est pas surprenant de constater que les agents des trois fonctions publiques déclarent, davantage que les salariés du privé, ne pas avoir un nombre suffisant de collègues ou de collaborateurs.

 

Enfin, on retiendra que les travailleurs de la construction et de l'agriculture sont les plus exposés à au moins une contrainte physique intense (contrainte posturale, manutentions manuelles, station debout ou piétinement…), talonnés de près par ceux du commerce et des transports ainsi que par les hospitaliers.

 

Si l'on rapproche ces chiffres d'une étude sur l'absentéisme [2], laquelle montre qu'il n'y a pas de différence significative en termes d'arrêts de travail entre les agents titulaires de la fonction publique et les salariés en CDI depuis plus d'un an, on en conclut qu'il ne reste plus d'arguments pour fustiger un quelconque statut privilégié des fonctionnaires.


François Desriaux
Santé & Travail n° 082 - avril 2013
  • (1) Voir "Les risques professionnels en 2010 : de fortes différences d'exposition selon les secteurs", Dares Analyses n° 10, février 2013. Pilotée par la direction de l'Animation de la recherche, des Etudes et des Statistiques (Dares), l'enquête Sumer a été menée par 2 400 médecins du travail auprès de 48 000 salariés.
  • (2) Voir "Les absences au travail des salariés pour raisons de santé : un rôle important des conditions de travail", Dares Analyses n° 9, février 2013.
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10 avril 2013 3 10 /04 /avril /2013 22:39

Entreprise et carrière (n°1138 du 2 au 8 avril) publie cette semaine une enquête fournie « Stagiaires en entreprise : une population à bien encadrer ».

 

Le nombre de stagiaires en entreprise ne cesse d’augmenter. Le Conseil économique, social et environnemental évalue aujourd’hui leur nombre à 1,6 million, contre 600 000 en 2006.

 

D’après une enquête menée en 2012 « Deux tiers des sondés considèrent que le stage leur a permis de développer des compétences ». Si pour les entreprises, l’accueil des étudiants en stage est un mode privilégié de recrutement et aussi une main d’œuvre supplémentaire, elles doivent cependant les encadrer soigneusement pour leur assurer une montée en compétences (en qualification ?).

 

Le gouvernement annonce une réforme pour éviter les stages abusifs. Ainsi dans un article de l’enquête « L’encadrement des stages à nouveau en chantier » Sophie Binet, en charge des jeunes diplômés à l’Ugict CGT, déclare qu’après l’interdiction des stages hors cursus par le décret du 25 août 2010 : « Trop de dérogations sont permises, car le décret autorise des stages dans le cadre de formations permettant une réorientation ou encore destinée à favoriser des projets d’insertion professionnelle. C’est très large ». Enfin, elle précise que « Chaque stagiaire devrait avoir la garantie d’être encadré par un tuteur de qualification supérieure qui ne pourrait pas suivre plus de deux jeunes à la fois ».

 

L’enquête est étayée sur de nombreux exemple la SSII Keyrus, France Télécom-Orange, Colas…

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20 mars 2013 3 20 /03 /mars /2013 19:07

StationnementComme l’atteste cette photo qui reflète la pensée de l’autorité territoriale et de la direction générale, il n’existe aucune problème de stationnement à Reims.

 

Pourtant, 71% des sondés de l’enquête IPSOS estiment le contraire; comme bon nombre d’agents.

 

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20 mars 2013 3 20 /03 /mars /2013 17:59

wifi-banA l’heure où certains préconisent un management territorial « 2.0 ». (voir l’étude de Laurent Boghossian) et où Reims métropole s’apprête à mettre en œuvre un intranet « 2.0. », le baromètre Orange/Terrafemina publié le 8 mars, indique que les cadres déplorent, l'impact sur le stress et leur vie privée du développement du numérique. Celui-ci est jugé négatif pour la concentration des salariés (50 %), l'équilibre entre vie privée et professionnelle (57 %) ou encore le niveau de stress au travail (60 %). Un sujet dont devra se saisir le CHSCT.

 

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2 mars 2013 6 02 /03 /mars /2013 16:30
Le travail : valeurs, attentes et frustrations
par Thomas Grillot, le 26 février

Domaine(s) : Société

 

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Peut-on se réaliser dans le travail ? Trois chercheurs conviés à débattre par la Vie des idées montrent que la mise en pratique de cette idée, pourtant omniprésente, est compromise par les crises, l’inaction des États et l’absence de normes internationales contraignantes.

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Robert Castel est sociologue, directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales. Il est l’auteur des désormais classiques Métamorphoses de la question sociale (Fayard, 1995 ; Folio Gallimard, 1999) et, avec Claudine Haroche, de Propriété privée, propriété sociale, propriété de soi (Fayard, 2000).

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Dominique Méda est actuellement Professeure de sociologie à Dauphine et titulaire de la chaire « Reconversion écologique, travail, emploi, politiques sociales » du Collège d’Etudes Mondiales. Elle a écrit plusieurs ouvrages sur les politiques sociales, l’emploi, le travail, dont Le travail. Une valeur en voie de disparition ?, Champs-Flammarion, 2010 ; Le travail, Que sais-je ?, PUF, 2010 ; L’emploi en ruptures, Dalloz, avec E. Serverin et B. Gomel ; Le deuxième âge de l’émancipation, La République des Idées (Seuil), avec H. Périvier ; Au-delà du PIB. Pour une autre mesure de la richesse, Champs-Flammarion, 2008 ; Travail. La Révolution nécessaire, Les Editions de l’Aube, 2010.

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Laurence Roulleau-Berger, est Sociologue, Directrice de recherche au CNRS, Triangle/ENS de Lyon. Ses recherches portent sur la ville et ses interstices, sur l’accès à l’emploi des jeunes en situation précaire et leur rapport au travail, sur les économies urbaines, sur les migrations internationales et internes en Chine. Elle a développé depuis quelques années une réflexion épistémologique avec plusieurs sociologues chinois sur la désoccidentalisation de la sociologie. Ouvrages récents :
Sociologies et cosmopolitisme méthodologique, PUM, 2012
Avec Li Peilin (eds), China’s Internal and International Migration, Routledge, 2012
Désoccidentaliser la sociologie. L’Europe au miroir de la Chine, L’Aube, 2011
Avec A.Bonnafous (dir), Académiquement correct, PUL, 2011
Avec Li Peilin (eds), European and Chinese Sociologies : a new dialogue, Brill Publishers, Leiden, 2011.

Travail, intégration et protection sociale

La Vie des idées : Support de droits, d’une réalisation de soi, et moyen de production, le travail a concentré sur lui bien des attentes, parfois contradictoires. À l’heure où, de surcroît, il se raréfie et s’émiette, conserve-t-il (ou peut-il conserver) ce caractère utopique ?

Robert Castel : Que le travail soit « support de droits, d’une réalisation de soi et moyen de production » n’a rien d’une utopie, ou alors c’est l’utopie réalisée qui a constitué le socle de la société salariale. À la fin de la trajectoire du capitalisme industriel et en particulier durant les trente années qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale, le travail, sous la forme du statut de l’emploi, a donné à la majorité de la population des principaux pays d’Europe occidentale à la fois les ressources économiques de base (salaire) et les droits assurant une sécurité sociale généralisée. Ce statut de l’emploi a formé la clef de voûte de ce que l’on a appelé « le compromis social du capitalisme industriel ». Comme en contrepartie de l’acceptation de la subordination salariale, le monde du travail bénéficiait de protections étendues, conditions d’une certaine indépendance économique et sociale. Le travail protégé et assuré constituait ainsi pour le plus grand nombre la base de l’intégration sociale.

Cette forme d’articulation de l’économique et du social a été ébranlée, voire défaite (c’est à discuter) par la dynamique nouvelle qui s’est imposée dans le cadre de ce que l’on a commencé à appeler « la crise » dans les années 1970. En fait, il s’agissait plutôt d’une véritable mutation, la sortie du capitalisme industriel et de ses modes de régulation, et l’entrée dans un nouveau régime du capitalisme qui impose une concurrence exacerbée au niveau de la planète, sous l’hégémonie croissante du capital financier international. Cette dynamique prend à contrepied le système de régulation antérieur, ces protections et ces droits désormais conçus comme autant d’obstacles qui empêchent le libre jeu de la concurrence et plombent la compétitivité des entreprises. L’installation d’un chômage de masse et le développement de la précarité sanctionnent la perte d’hégémonie que le statut de l’emploi exerçait sur le monde du travail.

Il ne faut pas se tromper de capitalisme : on ne peut pas aujourd’hui défendre en l’état un système de protections du travail uniquement fondé sur la pérennité du statut de l’emploi. Mais serait-il possible, compte tenu de la mise en mobilité généralisée du monde du travail et de l’individualisation des trajectoires professionnelles, de redéployer de nouveaux droits qui sécuriseraient cette nouvelle condition des travailleurs ? Soit « donner un statut au travailleur mobile », pour reprendre une formule d’Alain Supiot.

Les défis à relever sont redoutables. Cependant la recherche de ce nouveau compromis, homologue et différent de celui du capitalisme industriel, me paraît une exigence prioritaire car c’est sans doute la seule manière de rendre compatible la dynamique du capitalisme et les valeurs de solidarité qui sont au fondement d’une démocratie moderne. Je ne pense pas en effet qu’il y ait aujourd’hui d’alternative crédible à ce constat qu’atteste toute l’histoire sociale depuis la fin du XIXe siècle : les protections sociales les plus fortes ont toujours été construites à partir du travail, et des enjeux liés au travail.

Mais pour conduire cette discussion il faut à mon avis éviter une confusion fréquente sur la place que le travail occupe aujourd’hui dans notre société. Le travail a perdu énormément de sa consistance depuis la période d’apogée de la société salariale, c’est un constat irrécusable, comme l’atteste le délitement du statut de l’emploi que j’ai rappelé. Mais cela n’implique nullement qu’il ait pour autant perdu de son importance. C’est même peut-être lorsqu’il manque (chômage) ou qu’il se vit dans des formes dégradées ou menacées (précarité) que le travail apparaît le plus nécessaire. Il s’en suit selon moi que les enjeux liés au travail demeurent aussi fondamentaux que jamais, et qu’ainsi la question de redéployer de nouvelles protections qui lui soient attachées demeure également fondamentale.

Travail épanouissant versus travail décent

Dominique Méda : Notre concept moderne de travail est en effet le résultat d’une histoire : c’est au XVIIIe siècle que le travail est conçu comme un facteur de production (un moyen au service d’une autre fin, la richesse), avant que le début du XIXe siècle ne le théorise comme « l’essence de l’homme », puis comme le pivot de la distribution des revenus, des droits et des protections. Ces trois dimensions coexistent aujourd’hui et sont contradictoires (Méda, 1995). C’est seulement au cours de la seconde moitié du XXe siècle que les conditions de possibilité de la société décrite par le jeune Marx, dans laquelle le travail serait enfin une œuvre, permettant à chacun d’exprimer sa singularité et son appartenance au genre humain, ont été réunies : les enquêtes européennes et françaises mettent en évidence le basculement d’une éthique du devoir vers une éthique de l’épanouissement (Lalive d’Epinay, 1998) et révèlent l’ampleur des attentes expressives et relationnelles dont le travail est l’objet, tout particulièrement en France (Davoine, Méda, 2008).

Les entreprises ont accompagné, encouragé et parfois même suscité ce type d’attentes, en incitant les salariés à s’impliquer, à prendre des responsabilités, à être autonomes en promouvant la vision d’un travail épanouissant. Mais si les attentes d’un travail intéressant, plein de sens, permettant l’expression de soi sont fortes, la réalité des conditions de travail et d’emploi est décevante. De façon conjoncturelle, dans la plus grande partie de l’Europe et plus encore en France, la persistance de taux de chômage élevés, la qualité très médiocre des relations sociales et des conditions de travail, le développement d’une autonomie « contrôlée » et d’emplois précaires, ont mis en évidence que la qualité du travail et de l’emploi ne constituait pas dans les faits un objectif majeur ni des organisations de travail ni de la société. Mais peut-il en être autrement, structurellement, dans un type d’organisation sociale qui a mis au cœur de son projet et de sa performance l’apport sur le marché du plus grand nombre de biens et services susceptibles de faire l’objet d’un échange monétaire, et de là, la division du travail, la recherche effrénée de gains de productivité et l’obsession pour la seule baisse de prix offerte au consommateur (comme l’explicite très bien Friedrich Taylor), sans accorder la même considération à l’activité déployée par les hommes et les femmes ? Le père de la sociologie française du travail, Friedmann, y voyait la cause majeure de l’aliénation du travail et finalement de l’impossibilité de libérer le travail, à moins que les sociétés ne se révèlent capables de remettre en cause à la fois la division du travail, le capitalisme et le salariat…

Nous sommes aujourd’hui à la croisée des chemins. Soit les entreprises continuent de tenir le discours du travail-épanouissant, réclamant aux salariés une implication subjective totale (elles doivent alors faire droit aux attentes expressives et relationnelles qu’elles ont contribué à développer), et cela suppose de donner beaucoup plus de pouvoir aux salariés non seulement sur leurs conditions de travail mais plus généralement sur l’organisation même du travail, et sans doute aussi de redéfinir radicalement la notion d’entreprise. Soit nous renonçons à cet idéal du travail-épanouissant et adoptons un objectif tout aussi essentiel et révolutionnaire actuellement promu par le Bureau international du travail (BIT), le travail décent, auquel nous accordons la même importance qu’à l’augmentation du chiffre d’affaires ou du PIB. Cela suppose l’adoption de nouveaux indicateurs de richesse – accordant une place de choix aux évolutions de la santé sociale (dont la qualité de l’emploi) et du patrimoine naturel –, érigés en normes internationales qui constitueront des guides précieux pour faire face à la crise écologique dont le traitement constitue aujourd’hui la principale urgence.

Les nouvelles divisions du travail

Laurence Roulleau-Berger : Les nouveaux capitalismes dans les sociétés contemporaines ne cessent de produire de nouvelles différenciations sociales entre les mieux dotés et les plus faiblement dotés en ressources matérielles, économiques, sociales ; ces capitalismes se fabriquent à partir de situations inégalitaires, d’exposition aux risques d’être qualifié d’« inemployable », de « peu compétent », d’exclu des mondes du travail. Avec la flexibilité et l’instabilité du travail, ainsi que l’exacerbation des chômages et des précarités, des ségrégations segmentent le processus d’accès aux marchés de l’emploi en produisant des assignations à des « non-places » dans des emplois subalternes. Les plus « faibles » se trouvent relégués dans des espaces économiques de faible légitimité où ils sont contraints à un travail peu qualifiant et précaire, c’est-à-dire sans protection sociale et sans garantie d’accès à un emploi stable, le plus souvent un travail disqualifiant, c’est-à-dire peu pourvoyeur de reconnaissance sociale.

En Europe de l’Ouest, précarisation, démultiplication des formes de travail et discrimination ethnique contribuent depuis trente ans à l’éclatement du contrat de travail par la pluralité et la flexibilité d’emplois transitoires. Si le travail salarié se raréfie, des formes de travail précaire, invisibles, peu légitimées se démultiplient au cœur des capitalismes européens. Les statuts d’emploi ne cessent de se diversifier et de se hiérarchiser en marquant les clivages entre travailleurs qualifiés et peu qualifiés, entre travailleurs autochtones et travailleurs migrants. De plus, le travail se précarise tout en se globalisant. En effet capital, espace et travail ne s’agencent plus de la même façon, les emplois et les travailleurs sont délocalisés, déplacés, dispersés. Les frontières sociales et morales apparaissent de plus en plus marquées entre « nantis » et « précaires », entre travailleurs et chômeurs, entre autochtones et migrants.

Pendant les Trente Glorieuses, dans les démocraties européennes, supports de droits, réalisation de soi et moyen de production étaient directement associés. Qu’en est-il d’autres contextes ? Dans des contextes socialistes, comme par exemple en Chine, supports de droits et moyens de production étaient dissociés et la réalisation de soi était incarnée par la figure de l’ouvrier comme héros du socialisme. Mais aujourd’hui, même si on ne peut contester la mise en œuvre de nouvelles politiques sociales et de nouvelles mesures envers les nonmingong (ouvriers-paysans), les moins nantis apparaissent de plus en plus nombreux et sont de moins en moins couverts par les systèmes de protection sociale. Les jeunes sont de plus en plus confrontés aux situations de chômage, les nongmingong sans Hukou (certificat de résidence) urbain sont privés des droits de citoyen et font l’objet de dominations et de violences physiques et morales sur les marchés du travail.

Les trois dimensions du travail

En Europe de l’Ouest comme en Chine, les parcours professionnels des travailleurs en situation précaire, migrants et non-migrants, apparaissent de plus en plus construits à partir de bifurcations et de discontinuités. Ces discontinuités se construisent à partir de pluriactivités, de polyactivités et de réversibilités. Les bifurcations biographiques produisent et sont produites par des épreuves où les travailleurs sont pris entre l’injonction à travailler et l’impossibilité de travailler sous les formes attendues ou espérées, entre l’injonction à être soi et l’impossibilité de se réaliser dans le travail. Dans ces situations, les travailleurs en situation précaire et les migrants multiplient leurs engagements dans des espaces d’activités et de travail d’inégale légitimité.

Les épreuves de double-bind fragmentent alors les trois dimensions du rapport au travail, c’est-à-dire la dimension instrumentale et matérielle qui se réfère au travail comme source de revenus, la dimension sociale qui recouvre les sociabilités et surtout les formes de reconnaissance sociale, et la dimension symbolique qui renvoie au sens attribué au travail dans la construction des identités sociales. Le triptyque support de droits/moyen de production/réalisation de soi se défait pour laisser apparaître des travailleurs engagés dans des espaces de socialisation contradictoire où ils sont tantôt méprisés, tantôt reconnus ou méconnus. Plus les travailleurs sont confrontés à ces épreuves, plus on observe des oscillations entre engagement et désengagement à l’égard du travail. La question de l’engagement et de la réalisation de soi dans le travail se pose donc avec acuité dans les usages plurivoques des statuts d’emploi précaire et/ou informel. Le rapport au travail apparaît fondé sur un principe d’hésitation, d’ambivalence et de réversibilité. Il apparaît dans différentes sociétés – par exemple européenne et chinoise – que, d’une part, les jeunes générations engagées dans des processus d’individuation cherchent à accéder au « gouvernement de soi » au sens foucaldien du terme, et que, d’autre part, des inégalités et des concurrences pour l’accès à la reconnaissance et la dignité au travail ne cessent de se renforcer.

En Europe, si des violences socio-économiques et institutionnelles provoquent des effets d’éviction, elles déclenchent aussi des protestations collectives qui expriment les revendications d’un droit à la justice, à la citoyenneté, et mettent à jour des compétences de mobilisation et de résistance individuelles et collectives pour exiger des demandes de reconnaissance publique, sociale et de respect. Dans la société chinoise ont aussi émergé de nouvelles formes d’action collective ouvrière qui révèlent comment les ouvriers se sont sentis dupés, victimes d’inégalités et d’injustices dans la transition vers une économie de marché. Les jeunes ouvriers migrants, contrairement à leurs parents, développent des formes de luttes pour la reconnaissance qui peuvent conduire à des mobilisations collectives et aussi des suicides, nombreux dans certaines entreprises.

En Chine de nouvelles formes d’action collectives de travailleurs expriment des conflits entre différents ordres de reconnaissance sociaux, économique et moraux, les uns étant liés au premier système socialiste et les autres à la période post-réforme. En France des travailleurs confrontés à des épreuves d’injustice sociale, de racisme et de stigmatisation produisent de nouvelles formes d’actions collectives. Dans les deux cas, les formes d’action collective se pluralisent et se développent à partir de l’expression de conflits entre des ordres de reconnaissance inégalitaires.

Le rôle majeur des normes internationales

La Vie des idées : Dans quelle mesure les États entendent-ils cette demande de réalisation par le travail et se montrent-ils prêts, dans le contexte actuel, à modifier leur intervention dans la vie économique et sociale ? Vous avez évoqué la nécessité de prendre en compte la frustration des travailleurs et de créer de nouveaux droits et de nouveaux indices : à quel niveau ces évolutions peuvent-elles avoir lieu ? S’agit-il d’imposer de nouvelles normes ?

Dominique Méda : Il ne me semble pas que l’idée de permettre aux individus de se réaliser à travers le travail ait été réellement prise au sérieux par les États et les entreprises, sans doute en raison des crises économiques successives qui ont frappé les sociétés occidentales (celles qui auraient pu accéder à ce qui peut apparaître comme un luxe). Il est intéressant de constater que c’est au moment où une embellie économique se produisait, en 2000-2001, qu’a été portée au niveau européen l’idée d’une stratégie pour l’emploi principalement centrée sur la qualité de l’emploi. La bataille a fait rage, à l’époque, entre les partisans des différentes versions qui pouvaient être données de cette notion et des types d’indicateurs qui pouvaient en rendre compte. Une dizaine d’items ont finalement été retenus (indicateurs de Laeken [1]) pour apprécier cette dimension et pour établir un benchmarking (ou étalonnage des performances) au sein des pays membres de l’Union européenne. Mais cela n’a duré que très peu de temps : deux rapports se sont succédés (les rapports Kok) pour suggérer d’abandonner au plus vite cette priorité donnée à la qualité de l’emploi et de revenir à la préférence donnée à la quantité d’emploi (« Jobs, jobs, jobs »). Et depuis, on n’entend plus parler d’une telle ambition. Pourtant, il semblait assez logique de considérer que, si nous voulions une Europe de la connaissance, une Europe dont les atouts consisteraient principalement dans le niveau de qualification de sa population active, il importait de permettre à cette dernière d’accéder à des emplois satisfaisants non seulement en termes de salaires et de promotion, mais aussi d’horaires, de possible conciliation avec la vie familiale, de perspectives de promotion, d’intérêt du travail.

Le benchmarking est une technique marketing utilisée par les entreprises, qui consiste à trouver dans le monde celui ou ceux qui réalisent de la manière la plus performante un processus ou une tâche, à les étudier puis à adopter ce processus à sa propre entreprise. Cette méthode aurait été développée au début des années 1980 par la société Xerox et aurait depuis été appliquée à de très nombreux champs. Voir Robert C. Camp, « Le benchmarking : pour atteindre l’excellence et dépasser vos concurrents », Les Editions d’organisation, 1992.

C’est le même genre d’objectif que l’Organisation Internationale du Travail a d’ailleurs affiché depuis 1999 sous le terme de « travail décent ». Même si on peut trouver de nombreuses différences entre les deux stratégies (comme l’ont par exemple mis en évidence Carlos Prieto et Amparo Serrano, 2009), il s’agit bien dans les deux cas de promouvoir une vision du travail congruente avec la Déclaration de Philadelphie [2], dont les principaux termes ont été récemment rappelés par Alain Supiot : « le travail n’est pas une marchandise » », tous les êtres humains, quelles que soient leur race, leur croyance ou leur sexe, ont le droit de poursuivre leur progrès matériel et leur développement spirituel dans la liberté et la dignité, dans la sécurité économique et avec des chances égales ». Mais cette vision semble avoir été écartée au profit de la priorité donnée par les entreprises et les États à la réalisation d’objectifs purement économiques voire financiers : taux de rentabilité, valeur pour l’actionnaire, taux de croissance, au détriment de la qualité du travail et de l’emploi. La concurrence se fait désormais en partie sur le coût du travail – comme l’illustrent les débats actuels sur la compétitivité – et sur la facilité à rompre les contrats de travail ou à limiter la durée des contrats au temps d’usage strict de la force de travail (voire la négociation en cours sur la sécurisation de l’emploi où la question principale semble être d’améliorer la facilité à licencier les salariés).

C’est pour cette raison que seule la détermination de normes internationales – sociales et environnementales – et d’indicateurs alternatifs au PIB intégrant la qualité de l’emploi et l’accès à l’emploi comme composants essentiels seraient de nature à permettre qu’un tel objectif fasse partie intégrante des priorités poursuivies par les États et les entreprises. Cela suppose à l’évidence qu’une logique de coopération prévale sur la logique de compétition, ce qui semble pour l’instant, y compris au sein de la seule Europe – laboratoire possible d’une telle expérience – hors de portée.

La voix des faibles dans l’espace public

Laurence Roulleau-Berger : Le sentiment de ne pouvoir se réaliser dans les sociétés contemporaines est très affirmé chez les groupes sociaux « faibles » en contexte démocratique comme en contexte autoritaire, notamment en Europe de l’Ouest et en Chine. De mon point de vue, les États n’entendent pas vraiment la voix de ces groupes sociaux qui développent des formes d’action collective diverses pour énoncer des demandes de reconnaissance sociale et leur souci de réalisation de soi au travail.

Si les démocraties européennes génèrent de plus en plus de situations d’inégalités et d’injustices face à la possibilité de se réaliser dans le travail, elles engendrent la production de mouvements sociaux comme la lutte contre la précarité, le chômage et les discriminations. Les émeutes urbaines se multiplient en France, en Espagne, au Royaume-Uni, révélant des demandes de reconnaissance publique et sociale de plus en plus fortes de la part de populations vulnérabilisées, stigmatisées, méprisées, ignorées des États qui expriment les revendications d’un droit à la justice, à la citoyenneté. La montée des conflits sociaux pose la question de l’insécurité morale et de la peur de ne pouvoir se réaliser dans le travail qui s’infiltre dans les interactions sociales, notamment entre ceux qui n’ont pas accès à un travail stable et ceux qui en ont un. Dans les sociétés contemporaines s’affirment de plus en plus de formes de méfiances vis-à-vis d’États qui n’entendent pas les citoyens, notamment les jeunes, aussi bien dans les sociétés capitalistes que dans les sociétés socialistes. Les émeutes ne peuvent être seulement qualifiées d’infra-politiques, elles signalent de toute évidence des demandes de reconnaissance. Dans les démocraties inégalitaires abîmées par les chômages, les précarités, les racismes et les discriminations, l’espace public est devenu un lieu d’expression privilégié des incertitudes et des peurs de ne pouvoir accéder à une place sur les marchés du travail.

En contexte socialiste, comme en Chine, s’expriment aussi des demandes de respect et de reconnaissance dans le travail qui provoquent des actions collectives. Ce sont les jeunes travailleurs migrants de la seconde génération qui expriment très fortement ces nouvelles demandes de reconnaissance publique dans la conquête du statut de citoyen au travail, à partir de situations de conflit social. En effet, au cours de ces cinq dernières années, se sont développés des mouvements de défense des droits sociaux, des droits d’accès à l’emploi, le droit à la dignité… Si jusque dans les années 1990, les ouvriers avaient intériorisé l’idée d’une interdépendance forte entre l’entreprise et l’État, les réformes ont cassé ce schéma ; les ouvriers sont passés du statut de héros à celui de « dominés » et se sentent dépossédés d’eux-mêmes et privés de reconnaissance. La vie des jeunes travailleurs-migrants dans les dortoirs des usines a favorisé l’organisation de mouvements sociaux pour la défense des droits de travailleurs et indirectement des possibilités de réalisation d’eux-mêmes dans le travail. Héritage socialiste et actualité politique se combinent pour produire des lieux de mobilisation et de nouvelles cultures ouvrières à partir des liens et solidarités des communautés d’origine ; se forme une nouvelle conscience de classe qui produit des compétences d’action et de lutte sur les lieux de travail.

Dans la société chinoise les conflits sociaux et les luttes collectives s’organisent autour des droits de propriété, de la restructuration des entreprises et du droit au travail, des conditions de travail des nonmingong et des problèmes d’environnement. Les luttes pour les droits de propriété en Chine sont fortes lorsqu’il y a expropriations des terres agricoles, démolitions urbaines, et par conséquent expropriations ou déplacements. Dans les villes la mise en scène des mouvements de propriétaires révèle aussi des situations de tension et de conflit social qui produisent des mobilisations de plus en plus organisées de citadins liés à la classe moyenne émergente.

Ces mouvements sociaux révèlent dans les sociétés contemporaines un conflit très fort entre des centres « impitoyables » où chacun a « sa place » et des périphéries où l’absence de travail, la discrimination, l’isolement social et psychologique ont fait perdre leur place à d’autres. L’espace public apparaît comme lieu d’expression privilégié des demandes de reconnaissance et d’accès à des biens moraux comme le souci de réalisation de soi dans le travail qui peuvent s’analyser aussi comme l’exacerbation de certaines micro-mobilisations discrètes qui se forment dans des espaces de faible légitimité politique via des contestations et des dissidences. Ces nouvelles formes d’action collective rendent compte des distances toujours plus grandes entre les espaces de forte légitimité politique et les espaces de faible légitimité politique, du rétrécissement des zones d’échanges et de négociation entre les mieux dotés et les moins dotés en ressources sociales, économiques et morales. Se dessine la cartographie d’une politique transnationale protestataire au-delà des États qui entendent partiellement les demandes des « plus faibles » de réalisation de soi au travail.

Modèles, transferts et benchmarking

La Vie des idées : dans le champ politique français, la question de la valeur du travail est très souvent abordée en évoquant – parfois en manipulant – les exemples étrangers. Mais les « modèles » (puisque tel est le terme employé en français) de travail repérés à l’étranger (Danemark, Allemagne, Brésil etc.) servent-ils réellement un rôle autre que rhétorique ? De vos terrains respectifs, constatez-vous une réelle circulation des informations, des expériences et des acquis de pays à pays ? Si oui, par quels circuits, à quelle échelle, avec quelles transformations ?

Laurence Roulleau-Berger : L’expérience chinoise du travail est d’abord pensée dans sa singularité dans la sociologie du travail et la sociologie économique chinoise avant d’être pensée dans des relations avec d’autres contextes sociétaux. De quoi serait faite cette singularité ? L’idée largement partagée de plusieurs sociologues chinois comme Li Peilin ou de Liu Shiding [3] est centrée sur l’identification d’un téléscopage et la simultanéité de différents processus sociaux et économiques qui se sont déroulés sur des temps plus longs et selon des étapes bien définies dans les sociétés d’Europe de l’Ouest. Cette simultanéité provoque des effets de superposition, d’enchevêtrement entre des formes économiques héritées d’une économie planifiée et d’autres générées par une économie globalisée, mais aussi la coexistence en moins de cinq ans de plusieurs types de chômeurs : les licenciés des entreprises d’État (xiagang), les jeunes diplômés, les travailleurs peu qualifiés, les travailleurs intérimaires du secteur public. Il faut préciser que les entreprises chinoises publiques et collectives qui assuraient 75% des emplois urbains en 1995 ont perdu 68 millions d’emplois et ne comptent plus que 25% de l’emploi urbain en 2004 et 20% en 2010. Une nouvelle classe ouvrière constituée de migrants et de dagongmei, jeunes femmes issues de la campagne se rendant dans les zones urbaines pour travailler en usine, s’est aussi formée, des économies « informelles » ne cessent de se développer qui permettent à des jeunes travailleurs, à des migrants, de travailler dans des espaces de faible légitimité économique.

Dominique Méda : c’est une question très intéressante ! En effet, la référence à d’autres « modèles », avec le jeu sur le double sens du terme – le modèle comme ensemble de traits caractéristiques et comme exemple à suivre – est devenue une véritable vogue depuis une quinzaine d’années. C’est une mode qui a été lancée par l’OCDE et poursuivie par la Commission européenne, moins d’ailleurs à propos du travail que des politiques d’emploi, sociales ou fiscales. Je pense qu’une séquence a eu une importance capitale : celle qui part des premières recommandations de l’OCDE en matière de réformes, par exemple dans la Job’s Study de 1994, en passant par les recommandations de 1999, qui se focalisent sur la « rigidité de la protection de l’emploi », jusqu’à la Stratégie de l’emploi révisée de 2006 où l’OCDE indique qu’il y a en gros deux modèles qui constituent des voies de réussite : le modèle libéral et le modèle nordique (et plus précisément danois).

L’histoire de la circulation d’idées et surtout de prescriptions qui ont conduit de fait à l’adoption de la réduction de la protection de l’emploi et à la flexicurité comme cœur des stratégies d’emploi en Europe mérite vraiment que l’on s’y arrête. On part des recommandations de l’OCDE et des corrélations (plus tard remises en cause) mais alors assénées d’une manière véritablement obsessionnelle : la protection de l’emploi entraîne plus de chômage. Ces prescriptions se diffusent dans les pays à des vitesses différentes, certains sont érigés en modèles (les Pays Bas en 1997, l’Irlande en 2000, le Danemark en 2004, l’Allemagne à partir de 2010). Chaque fois les fameux modèles sont évidemment simplifiés à l’extrême et leur efficacité imputée à un facteur principal. Dans le cas français la facilité à licencier encore intitulée « réforme structurelle du marché du travail » a constitué une véritable antienne.

Le benchmarking, méthode issue du privé et de la théorie du management de la firme, a ensuite constitué un instrument de prédilection pour la Commission européenne qui n’a cessé de faire des palmarès et d’inciter les pays « en retard » à adopter les méthodes des pays « gagnants ». C’est ainsi que s’est élaborée la stratégie de flexicurité, à partir de 2004, qui sera pleinement déployée en 2006-2007 et ne fera que reprendre cette obsession de la réforme structurelle du marché du travail. Il y a un lien direct entre les prescriptions de l’OCDE sur la protection de l’emploi et la stratégie de flexicurité. Les idées sont d’ailleurs portées par les mêmes personnes, quelques économistes-experts qui se trouvent au cœur de la production institutionnelle : Olivier Blanchard sur les travaux duquel les premiers rapports de l’OCDE s’appuient, Pierre Cahuc, Tito Boeri ou André Sapir – disciples du premier – qui précisent ces idées d’abord dans leur pays puis au sein des comités d’expert constitués par la DG Emploi de la Commission européenne (qui seront à l’origine de la stratégie de flexicurité). Au-delà du concept de flexicurité, la réforme structurelle du marché du travail sera bien menée dans un certain nombre de pays, quoi que sous des formes différentes : en Allemagne avec les réformes Schröder, puis en Italie et en Espagne, plus récemment, comme réponse à la crise. L’accord qui vient d’être signé en France au terme de la négociation sur la sécurisation de l’emploi relève très clairement de cette constellation. Il appartient à la sociologie de mettre en évidence les forces, acteurs et réseaux qui soutiennent la promotion de ces nouvelles « idées », les formes et les vitesses particulières qu’elles peuvent prendre selon les pays et la variété de leurs institutions, les intérêts qui constituent leurs supports, les résistances qui y sont opposées. Il lui appartient également de montrer que les réformes et tendances trop souvent présentées comme inéluctables ne constituent qu’une des branches de l’alternative.

par Thomas Grillot, le 26 février


Dossier(s) :
Revaloriser le travail

Aller plus loin

Le site du CEE établissement public de recherche sur l’emploi
Document de la CEE sur la place et le sens du travail
Document de la CEE sur les ruptures conventionnelles
Eurofound

Références bibliographiques :
Crespo, E., Prieto, C. et Serrano, A. (coords.), Trabajo, subjetividad y ciudadanía. Paradojas del empleo en una sociedad en transformación, Madrid, Editorial Complutense, 2009
Davoine L., Méda D., « Place et sens du travail en Europe : une singularité française ? », Document de travail, Centre d’études de l’emploi, n° 96-1, février 2008
Friedmann G., Le travail en miettes, Paris, Gallimard, 1956
Lalive d’Epinay C., « Significations et valeurs du travail de la société industrielle à nos jours », in Pichault F., Traité de sociologie du travail, Bruxelles, De Boeck, 1998
Méda Dominique, Le Travail. Une valeur en voie de disparition, Paris, Aubier, Coll. Alto, 1995, rééd. Paris, Champs-Flammarion, 2010
Roulleau-Berger, L., Désoccidentaliser la sociologie. L’Europe au miroir de la Chine, La Tour d’Aigues, L’Aube, 2011
Roulleau-Berger, L., Li Peilin (eds), European and Chinese Sociologies. A New Dialogue, Leiden and Boston, Brill Publishers, 2011
Supiot, A., L’esprit de Philadelphie. La justice sociale face au marché total, Paris, Seuil, 2010
Taylor F., La direction scientifique des entreprises, Paris, Dunod, 1965

Pour citer cet article :

Thomas Grillot, « Le travail : valeurs, attentes et frustrations », La Vie des idées, 26 février 2013. ISSN : 2105-3030. URL : http://www.laviedesidees.fr/Le-Travail-valeurs-attentes-et.html

Si vous souhaitez critiquer ou développer cet article, vous êtes invité à proposer un texte au comité de rédaction. Nous vous répondrons dans les meilleurs délais : redaction@laviedesidees.fr.

Notes

[1] En mars 2000, l’Union Européenne a décidé à Lisbonne qu’une méthode ouverte de coordination devait être utilisée afin de lutter contre la pauvreté et l’exclusion sociale. Dans ce contexte, un premier ensemble de dix-huit indicateurs communs dans le domaine de l’inclusion sociale a été approuvé par le Conseil européen de Laeken de décembre 2001, afin de suivre et de comparer l’accomplissement des objectifs communautaires fixés.

[2] Déclaration adoptée le 10 mai 1944 lors de la Conférence générale de l’OIT réunie à Philadelphie. Elle redéfinit les buts et objectifs de l’OIT et consacre la reconnaissance à l’échelle internationale de l’importance des questions économiques et sociales.

[3] Li Peilin est directeur de l’Institut de sociologie de l’Académie des Sciences Sociales de Chine, à Pékin ; Liu Shiding est professeur de sociologie économique, département de sociologie de l’Université de Pékin.

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19 février 2013 2 19 /02 /février /2013 10:28

Plan portant sur la prévention des risques psychosociaux dans la fonction publique

Mesures DGAFP

 

AXE 1 - MISE EN OEUVRE ET SUIVI DES PLANS DE PREVENTION DES RISQUES PSYSCHOSOCIAUX

 

· Mesure 1 - ELABORATION PAR CHAQUE EMPLOYEUR PUBLIC D’UN PLAN D’EVALUATION ET DE PREVENTION DES RISQUES PSYCHOSOCIAUX SUR LE FONDEMENT DU PRESENT ACCORD-CADRE

Action 1.1 - Dans la fonction publique hospitalière et la fonction publique territoriale, élaboration par les employeurs publics de plans d’évaluation et de prévention des RPS sur le fondement du présent plan, après avis du CHSCT.

 

Pour la CGT, nous demandons :

- Rappeler la définition des RPS tel que reprise dans le rapport GOLLAC et publiée dans le guide d'actions DGAFP des RPS ;

- Inscrire la démarche et les plans d'actions de lutte RPS dans les programmes annuels de prévention (obligations dans décret) ;

- Présentation des plans en 2013 pour mise en oeuvre janvier 2014 (obligation dans décret).

 

Action 1.2 - Dans la fonction publique de l’Etat, élaboration de plans ministériels, avec consultation des CHSCT ministériels au cours de l’année 2013. Une instruction du Premier ministre aux ministres fixera le cadre et les modalités concrètes de cette déclinaison.

Ces plans comprennent une phase de diagnostic local et une phase d’élaboration de plans d’action, présentés pour avis aux CHSCT compétents. Ces plans d’action devront être initiés en 2013 et achevés en 2014.

Les employeurs publics ayant déjà mis en œuvre des actions voire des plans de prévention sur les RPS pourront compléter les mesures déjà initiées et faire évoluer celles-ci dans un plan alliant prévention des RPS et amélioration de la qualité de vie au travail.

 

 Pour la CGT nous demandons un bilan préalable dans les 3 versants CSFP

 

· Mesure 2 - SUIVI TERRITORIAL DU DEPLOIEMENT DES PLANS DE PREVENTION

 

Action 2.1. - Appui sur les préfets de région, les centres de gestion de la fonction publique territoriale et les ARS.

 

Pour la CGT, nous demandons un bilan préalable dans les 3 versants des différents Conseils Supérieurs des 3 versants de la Fonction Publique à travers les bilans des différentes administrations.

 

· Mesure 3 - ASSOCIATION DES ORGANISATIONS SYNDICALES AU SUIVI DE LA MISE EN ŒUVRE DES PLANS DE PREVENTION DES RISQUES PSYCHOSOCIAUX

Action 3.1. Réunion périodique de la formation spécialisée du CCFP, sur les conditions de réussite du lancement de chacune des deux phases des plans RPS, sur le suivi de la mise en œuvre, sur l’atteinte des indicateurs de résultats et le bilan de l’accord cadre.

 

Pour la CGT, nous demandons :

- une réunion préalable aux travaux de la FS du CCFP ;

- une réunion dans les 6 mois et réunion si nécessaire à la demande des Organisations Syndicales (à voir sur le règlement intérieur du CCFP).

 

 

· Mesure 4 - DES OBJECTIFS CONCERTES, AMBITIEUX ET REALISTES

Action 4.1 - Fixation dans le plan des indicateurs quantitatifs et qualitatifs de réussite du plan national de prévention des RPS.

Action 4.2 - Présentation au 1er trimestre 2015 devant la formation spécialisée du conseil commun de la fonction publique du bilan qualitatif et quantitatif du plan de prévention des RPS dans la fonction publique

 

Pour la CGT, nous demandons :

- d’anticiper sur la date de 2015 afin que le bilan soit réalisé préalablement aux prochaines élections professionnelles. De plus, il s’agit de mesures réglementaires qui s’imposent aux employeurs depuis plus de 10 ans.

 

 

Axe 2 - DISPOSITIF D’APPUI A LA DEMARCHE D’EVALUATION ET DE PREVENTION DES RISQUES PSYCHOSOCIAUX DANS LA FONCTION PUBLIQUE

 

· Mesure 5 - APPUI METHODOLOGIQUE AUX EMPLOYEURS PUBLICS DANS L’EVALUATION DES RPS

Action 5.1 - Diffusion d’un guide méthodologique (élaboré par un prestataire et dans le cadre d’un groupe de travail avec les OS du CCFP), afin d’aider les employeurs territoriaux et hospitaliers, les ministères, les chefs de services, les membres des CHSCT et les autres acteurs opérationnels dans la mise en œuvre de la phase de diagnostic et dans l’élaboration de plans d’action dans le cadre du DUERP

 

Pour la CGT, bien identifier le guide méthodologique pour une bonne assimilation de la part de l’ensemble des administrations.

 

· Mesure 6 - FORMATION EN MATIERE DE PREVENTION DES RPS

Action 6.1 - Elaboration dans le cadre de l’école de la GRH, de référentiels de formation interministériels sur l’analyse et la prévention des RPS, destinés à l’encadrement, aux membres des CHSCT, aux préventeurs (CP, ISST, médecins), et aux des autres acteurs (services RH, PFRH,…).

 

Pour la CGT, nous demandons  la  saisine de la Formation Spécialisée du CCFP pour validation des référentiels.

 

· Mesure 7 - CONFORTER LE ROLE DE L’ENCADREMENT DANS LA MISE EN ŒUVRE DES PLANS DE PREVENTION ET D’EVALUATION

Action 7.1. - Développer la formation des chefs de service et de l’encadrement en matière de prévention des RPS, en mobilisant notamment le réseau des écoles de service public.

Action 7.2. - Rappel par circulaire des obligations juridiques du chef de services en matière de respect des règles d’hygiène et de sécurité et notamment en matière de prévention des risques psychosociaux.

 

Pour la CGT, nous demandons la :

- saisine de la Formation Spécialisée du CCFP pour validation des référentiels ;

- le point 7-2 doit être un préalable à cette fiche.

 

· Mesure 8 - DANS LES 3 VERSANTS DE LA FONCTION PUBLIQUE, INFORMER LES AGENTS PUBLICS DE LA MISE EN ŒUVRE DU PLAN

Action  8.1. - Définition d’une campagne de communication destinée à sensibiliser les agents publics sur les RPS : communication en 2013 au moment du lancement opérationnel de la phase de diagnostic ; organisation d’une journée nationale sur la prévention des RPS dans la fonction publique en 2013, déclinée dans les 26 régions.

 

Pour la CGT, nous demandons la saisine de la Formation Spécialisée du CCFP sur la campagne de communication RPS.

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24 janvier 2013 4 24 /01 /janvier /2013 11:46

L’employeur a entrepris un vaste travail de modification de l’intranet communautaire et municipal pour le faire évoluer vers ce que l’on dénomme le 2.0.

 

Cette évolution comporte un volet syndical. En effet, une charte internet 2.0 a été proposée à la signature des organisations syndicales.  La CGT, la CFDT et SUD ont refusé de la signer là juegant attentatoire à la liberté syndicale.

 

Pour le reste, le passage au 2.0 est loin d’être la panacée universelle présentée et vantée.

 

Au point que le très sérieux site internet « Acteurs publics » a consacré un article à ce qu’il appelle « le blues du fonctionnaire 2.0 ».

 

Acteurs publics s’appuie au demeurant sur un rapport du Centre d’Analyse Stratégique, organisme rattaché au Gouvernment qui constate une une détérioration des conditions de travail des fonctionnaires soumis au 2.0.

 

Le blues du fonctionnaire 2.0

 

 

L’usage des technologies de l’information a transformé de fond en comble le fonctionnement des administrations. Au risque de conduire à une détérioration des conditions de travail des fonctionnaires. C’est l’un des enseignements de deux notes très complètes du Centre d’analyse stratégique sur l’administration numérique.

 

Intranet, Internet, courriers électroniques, ordinateurs portables… Ce n’est plus un mystère, l’informatisation galopante a gagné l’administration. Quelque 86 % des fonctionnaires de l’État, hors enseignants et militaires, sont équipés d’un ordinateur. Soit un taux proche de celui des entreprises financières, souligne le Centre d’analyse stratégique (CAS) dans une étude, publiée le 23 janvier, sur l’impact des nouvelles technologies sur les conditions de travail des agents [cliquez ici pour la télécharger].

 

Il ressort de cette note, dont Acteurs publics livre les premiers enseignements, que les changements induits par ces technologies n’ont pas que du bon. Certes, en positif, les technologie de l’information et de la communication (TIC) améliorent l’organisation du travail, et le CAS de citer : une plus grande polyvalence des tâches et des missions, un accroissement de l’autonomie, un enrichissement du travail. L’agent public peut travailler n’importe où et n’importe quand, ce qui peut améliorer la conciliation entre vie privée et vie professionnelle.

 

Revers de la médaille : si les changements sont mal préparés, ils comportent des risques sur les conditions de travail, en particulier lorsque – et c’est notamment le cas ces dernières années – les changements technologiques s’accompagnent de changements dans les organisations. Il en résulte des bouleversements dans le “vécu au travail”. Ainsi, les nouveaux modes d’évaluation, axés sur les résultats plutôt que sur le temps de présence au travail, peuvent conduire à une plus grande autonomie des fonctionnaires, mais celle-ci peut aussi être ressentie comme une autonomie très encadrée, du fait de la surveillance autorisée par les outils informatiques.

 

Sentiment d’isolement

 

La diminution du sentiment de reconnaissance, la baisse de l’implication des fonctionnaires dans le travail sont aussi marquées avec l’arrivée des TIC dans les administrations. Et même si tous les agents ne sont pas logés à la même enseigne, “la surinformation que les TIC ont amplifiée engendre stress et sentiment d’urgence en particulier pour les postes nécessitant un usage intensif de l’e-mail”, souligne le Centre d’analyse stratégique, qui dénonce un autre effet pervers de l’e-mail : le sentiment d’isolement. Les agents soulignant “des problèmes de cohésion des équipes et de partage de l’information”.

 

Enfin, tandis que les salariés du privé ont en moyenne une opinion positive des changements apportés par les technologies de l’information, ce n’est pas le cas des fonctionnaires, en particulier pour ceux qui accueillent les usagers au guichet. “Cette position pourrait signaler une certaine distance critique de ces agents à l’égard des TIC”, estime le Centre d’analyse stratégique. Pas étonnant au final, que les TIC suscitent une certaine forme de résistance, liée à l’immédiateté, à la dépersonnalisation du lien usager-agent et au stress.

 

Xavier Sidaner

 http://www.acteurspublics.com/2013/01/23/le-blues-du-fonctionnaire-2-0-1

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16 janvier 2013 3 16 /01 /janvier /2013 18:05

Enquête conditions de travail


Participez au 2ème Baromètre national La Gazette/Pragma de la satisfaction et du bien-être au travail dans les collectivités

La Gazette, en partenariat avec le cabinet Pragma, réalise son deuxième baromètre national et annuel sur la satisfaction et le bien-être au travail des agents des collectivités territoriales et des établissements associés.

Cette enquête, de quelques minutes et strictement anonyme, est unique en son genre par la teneur des questions posées et par l'amplitude de sa diffusion. Elle vise à disposer d'une mesure objective des opinions et des attentes des agents de la fonction publique territoriale sur les thématiques de la satisfaction au travail, la qualité du cadre de travail, la mission de service public et la confiance dans l'avenir.

Les résultats de ce baromètre de janvier 2013, comparés à ceux du baromètre de janvier 2012, seront présentés dans la Gazette du 25 mars prochain et permettront de sensibiliser les collectivités locales sur la situation de leurs agents.

Lors de la première édition, vous aviez été près de 7000 à répondre à cette enquête. Chaque réponse contribue à la qualité et à la précision de ce baromètre.

Nous vous invitons donc à participer en saisissant vos réponses sur ce questionnaire internet sécurisé et hébergé sur le site Pragma.

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16 janvier 2013 3 16 /01 /janvier /2013 17:42
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